A la recherche de son papa

Clio entra dans le temple, se méfiant des murmures qui entraient dans ses oreilles, sans pour autant parvenir à les déchiffrer. Tout dans l'atmosphère n'était que noirceur et complots. L'ambiance lourde du lieu plut pourtant à la jeune fille qui osa enfin s'y engouffrer franchement. Elle savait exactement ce qu'elle allait dire, et soit ça passait, soit ça cassait. Dans le cas second, il lui faudrait faire peur de plus de minutie, chose à laquelle Clio ne pouvait prétendre être la reine.

-Leshger !

Le cri de la fille de Vénus fit echos entre les murs de l'enceinte, et les murmures cessèrent aussitôt. Il fallait qu'il soit là... Oui, il le fallait ! Ce gredin d'Einaff l'inquiétait et elle venait à se demander q'il voulait réèllement l'aider. Avait-il kidnappé sa mère pour son compte à elle ou à lui ?

-Leshger, j'ai à te parler ! Sors un peu de ton trou ! Je ne vais pas te bouffer !

La réplique de Clio sembla absurde. Que pouvait-elle faire contre un Dieu ? Théoriquement rien. Cette pensée la fit ricanner, et comme d'ailleurs il tardait trop à son goût, elle se décida à allumer une cigarette.
*Ces manies qu'ils ont tous à me faire crier dans leurs maison, c'est fou ! De mon temps, ce ne sera pas pareil !*

Un feulement léger derrière Clio, puis plus rien. La cigarette que la jeune fille portait entre les dents s'éteignit sans raison, puis tomba en poussière. Le temple de Leshger méritait un certain respect et l'on s'y tenait pour le mieux, c'est-à-dire sans fumer. Il y eut un nouveau rugissement, plus puissant celui-ci. Les yeux de rubis des panthères statufiées dans la salle parurent briller de mille feux, comme si les félins se focalisaient sur leur proie.
Enfin, sortant d'on ne savait trop où, une véritable panthère s'avança. Ses muscles saillaient sous son pelage d'ébène teinté de bleu. Ses yeux, noirs à l'éclat rouge, ne laissaient aucun doute sur la nature du félin : il s'agissait de Leshger lui-même. L'animal s'assit à quelques mètres de l'autel, assez loin de Clio, tranquille et majestueux, avant de prendre la forme du dieu.
Sans son teint excessivement pâle, il serait passé inaperçu dans la pénombre. Ses vêtements, sa cape, ses cheveux, ses yeux, rien ne portait de couleur dans son apparence. Il croisa les bras et jaugea l'être qui l'avait ainsi appelé, qu'il dépassait d'une bonne tête. Un sourire mesquin déformait ses lèvres.

- Me... "bouffer", railla-t-il après un moment de silence. Je crains que ceci ne soit nullement en ton pouvoir. Les mortelles ont ces derniers temps par trop tendance à oublier leur rang. Pour un peu, je te croirai apparentée à Vénus...

Il eut un ricanement et alla se percher sur l'autel. Un calice d'or y restait, empli du sang d'un sacrifié récent. Il soupira. Encore du travail pour lui... les prêtres ne comprenaient pas qu'il n'avait nullement besoin de la mort du corps pour posséder l'âme et les pouvoirs. Il fit une légère moue en jouant avec l'or.

- Et que me veux-tu ?

Elle avait eu la chance de l'amuser quelque peu... d'ordinaire, ce genre d'appel rageur le laissait de marbre ou l'énervait...

Clio s'appuya sur une des colonnes tout en croisant les bras. Elle avait plusieurs fois dans son enfance croisé le chemin de son père, mais elle ne l'aurait pas imaginé assi arrogant. Les Dieux ne valaient en somme pas plus que les humains lorsqu'ils manquaient d'observation. La jeune fille ne ressemblait pas seulement à Vénus...
Un sifflement moqueur sortit de la bouche de cette dernière qui ne s'abstint pas d'applaudir avec fraîcheur.

-Impressionnant ! Fais-moi penser à te demander de m'apprendre tes tours !

Plus srieusement, la fille s'avança vers son père et plissa les yeux pour mieux scruter ses traits. Oui, il était beau. Elle aurait au moins eu de quoi être fier de lui quand il serait venu la chercher au sortir de l'école... Si au moins...

-Justement, Vénus...

Clio baissa les yeux en signe de grande tristesse, montrant sans le vouloir son encolure de déèsse que seul le Dieu du Mal possédait. La ressemblance entre les deux protagonistes était flagrante, mais les deux êtres semblaient les seuls à ne pas la voir.
La voix rauque de la jeune fille reprit dans un souffle:

-Quel dommage qu'elle soit à l'acte premier de sa mort... Je l'aurais bien vue esclave de ta couche pour la fin des temps... Au moins, vous auriez le temps de me... M'entendre vous appeler comme j'aurais toujours dû le faire...

La fille de Vénus releva ses grands yeux sombres, scrutant le regard de son père avec insistance, recherchant le moindre frisson, la moindre compassion, enfin le moindre brin de gêne ou de compréhension. Le visage de marbre semblait ne rien vouloir découvrir.

-Quelle était ta vie avant que Vénus ne naisse ? Et que sera-t-elle à sa mort ? Tu vis peut-être une éternité, mais elle ne vaudra pas mieux que le moindre souffle de vie du dernier des mortels si tu n'agis pas avant... Met ta fierté de côté, Leshger, je ne la connais que de trop pour l'avoir héritée, et écoute pour une fois les paroles d'une mortelle qui porte ton sang.

Leshger sentait qu'il connaissait cette jeune fille, sans jamais l'avoir vue. Quelque chose en elle lui était plus que familier, comme si elle avait été une connaissance d'assez longue date - dans un référentiel humain. Et quelque chose lui disait également qu'elle était en effet apparentée à Vénus. Il y avait tout d'abord ces yeux immenses, mais noirs, cette fraîcheur spontanée et insolente, cette beauté étrange... toutefois, et il ne pouvait le nier, cette jeune fille détenait une aura presque divine.
Etait-il possible qu'elle soit la fille de Vénus, et qu'il soit son père, comme elle le laissait entendre ? Il ne pouvait y croire. S'il n'avait pas été un dieu d'Antiaz, il eût dit que c'était tout bonnement impossible. L'impossible n'avait cependant aucune place en Antiaz, et nul ne pouvait prévoir ce qu'il adviendrait dans les heures à venir. Il observa Clio avec attention. Ses gestes, son allure avaient ce relent de bas-fonds qu'il avait déjà trouvé chez Vénus. Noblesse galvaudée, pensa-t-il avec mépris.
Il s'obligea à considérer les sous-entendus de la jeune fille avec plus d'impartialité. Elle parlait d'une mort de Vénus vraisemblablement très proche, toutefois il en avait été ainsi depuis qu'elle s'était révoltée et la rebelle le savait très bien. Se pourrait-il qu'alors qu'il devisait avec celle qui était vraisemblablement son enfant, Vénus coure un danger plus grand qu'auparavant ?
Si c'était le cas, elle pourrait fort bien s'en sortir seule. N'avait-elle pas été la seule et unique mortelle à jamais arriver jusqu'à la salle du trône du Xil, pour qui plus est en sortir parfaitement indemne ? L'audace de la rebelle n'était plus à prouver, de même que son insolence. Cependant, il ne l'avait guère croisée depuis cinq ans et peut-être avait-elle perdu tous ces atouts qui faisaient d'elle une chieuse notoire...
Qui se ressemble s'assemble, se dit-il alors qu'il reconsidérait les paroles de Clio. Il ne paraissait après tout pas si étrange que cela que le dieu et Vénus...

- Dois-je entendre à tes paroles que tu es ma descendante, et que ta mère est cette petite punaise irrespectueuse ? Admettons que ce soit la réalité. J'ose espérer que tu ne comptes pas sur ma... générosité... pour naître à nouveau. Les dieux et les humains n'ont aucunement le droit d'avoir des relations amoureuses, et encore moins sexuelles. Je ne réitèrerai pas ce genre d'erreur.

Son visage ne laissait passer aucune expression. Inflexible, il croisa les bras, signifiant par là que l'entretien était terminé pour lui. Il attendait que la jeune fille quitte le temple, en s'attendant toutefois à ce qu'elle ne le fasse pas, si elle avait vraiment son sang et celui de Vénus. Il soupira. Autant savoir ce qu'il arrivait actuellement à sa douce peste, quitte à pouvoir se railler d'elle.

- Mais dis-moi, qu'arrive-t-il donc à ta génitrice pour que tu t'en trouves si alarmée ?

Clio s'installe sur l'autel, goûtant avec une grimace la dureté de la pierre désagréable à ses fesses délicates. Leshger l'écoutait, c'était déjà ça. D'après tout, s'il ne l'avait pas fait, elle aurait amené une couette et de la nourriture dans le temple afin de l'habiter tant qu'il ne lui aurait pas donné signe de vie, et c'est ce qu'elle ferait si il ne donnait pas suite à sa demande.

-T'as la mémoire vive, railla-t-elle de sa voix rauque. Je sais que t'en as rien à braire de moi, et théoriquement, c'en est de même de mon côté. Toutefois, tu m'as donné naissance, et je pense qu'un minimum d'aide paternel est la moindre des choses à me léguer. Si tu m'aides, je fais le serment que jamais plus t'entendras parler de moi, OK ?

La jeune fille défit son fouet et le tint à la manière d'une canne à pêche en jouant nonchalament avec le manche, sans aucune idée de violence derrière la tête. La clope lui manquait affreusement, il lui fallait autre chose pour occuper ses mains ennuyées.

-Vénus est avec Einaff, sans conscience. Il l'a amenée je ne sais où, et je doute que ce soit pour la pouponner ou lui faire de bons petits plats cuisinés. Je sais qui est ma mère, je sais qu'elle est forte, mais le sommes-nous toujours lorsque nous sommes inanimés ? Rien ne me porterai à croire qu'elle soit en danger si ce n'était pas le cas.

Les vitraux foncés firent passer un filet de lumière grise. Un des soleils allait se coucher, mais qu'importe... Il y en avait d'autres pour garder le ciel lumineux. Ce n'était que le bleu qui passait de l'autre côté, mais pour aller où au juste ? Mis à part l'Art de la guerre et des magnigances, Clio n'avait pas eu droit à d'autres connaissances, et sa culture générale s'en touvait bien souvent cruellement handicapée.

-Quand à coucher avec elle, je pensais que l'Esprit du Mal était là pour faire tout ce dont il avait envie, en se fiant des règles. Je suis déçe de voir qu'en fin de compte, tu n'es toi aussi qu'un être rangé, sans plus d'esprit du Démon en toi que la plus gentille des créatures.

Leshger soupira. Oui, elle avait bien le sang de Vénus dans les veines, il retrouvait la même opiniâtreté chez elle. Elle était non loin de lui à présent, sise sur l'autel avec cette sorte d'élégance naturelle et pourtant si éloignée de celle qu'on avait l'habitude de voir. Il se demanda un instant ce qu'elle comptait pêcher à tenir son fouet ainsi, mais réprima ce trait d'humour stupide. Il y avait un temps pour ces saillies idiotes, un autre pour la discussion relativement grave qu'il entretenait présentément avec celle qui était selon toute vraisemblance sa descendance.
Il manqua de ricaner. Sa descendance... dire que de lui était issue toute la population d'Antiaz. Il éprouvait comme un inceste de toucher une fille dont il était l'ancêtre, même fort lointain. Une petite voix souffla en lui que justement, il était son très lointain ancêtre, et qu'Einaff n'hésitait pas à dire publiquement qu'il désirait sa fille, parfois. Peut-être était-elle moins laide que lorsqu'il l'avait laissée, cinq ans auparavant. Les humains changeaient vite.
Et Clio de prétendre qu'il ne s'intéresserait pas à elle dans le futur... alors la lumière se fit dans l'esprit de Leshger. Il comprit pourquoi le Destin et le Chaos s'étaient unis dans le but d'effacer ce futur dérangeant nommé Clio Abribeth Threnott d'Aezwen...

- Tu le dis toi-même, dans le futur d'où tu viens, je ne me suis jamais préoccupé de toi. Or, si un jour il m'était donné d'avoir un enfant autre que ceux que j'ai eu de Sechna, la première femme, je pense que je lui porterai toute l'affection dont je suis capable. C'est donc là où le bât blesse, si je ne t'ai jamais aimée, c'est bien que je ne l'ai pu.

Il soupira et se laissa glisser au bas de l'autel. Il fit quelques pas, les mains dans le dos, tête légèrement baissée. Ses longs cheveux balayaient son visage, comme animés par un vent inexistant, puis il se retourna vers sa fille. Il planta son regard dans le sien. Au fond, il l'aimait bien, elle avait du culot, de l'insolence et une certaine noblesse... la vraie noblesse, pas celle des fards. Comme...
Voilà qu'il repensait à Elle. La douce peste, la punaise irrespectueuse, l'espèce de manche à balai aux yeux trop grands. Il n'arrivait plus maintenant à détacher son esprit de ces orbes claires et lancinantes. Il se passa une main sur le front, comme espérant en chasser cette image troublante.

- Vois-tu, ces règles dont je te parle sont des règles que je me suis moi-même fixé. Toucher une mortelle serait pour moi un inceste en plus d'être galvaudant, et je m'en défends. Certes, l'inceste ne m'ennuie guère, si tu connais quelque peu l'histoire d'Antiaz, tu comprendras. Mais pas avec des êtres inférieurs. Pardonne-moi Clio, mais je ne puis rien pour toi.

Il eut un regard d'excuse avant de s'appuyer contre une colonne, espérant qu'elle partirait enfin.

Clio ne réagit tout d'abord pas, regardant le bout de son fouet tremper dans sur le carrelage froid. D'un geste nonchalent, elle le jeta comme une vraie canne, et sembla que le bout d el'arme était entré dans le sol comme il l'aurait fait dans de la matière liquide. Un mirage ?

-Je ne pensais pas que les Dieux mâles étaient aussi stupides que ceux humains. N'as-tu donc pas assez d'esprit pour rattraper tes erreurs et de justement commencer à t'occuper de moi ? Au pire, sperme dans un sac poubelle, c'est tout ce que je te demande ! Ca résolura tes soucis incestueux, et je te fouttrais la paix !

Oui, elle était crue et le savait. On lui avait maintes et maintes fois répété que c'était le seul moyen de parler à un homme. Einaff lui aurait au moins appris cette chose. Clio ne voulait plus avoir affaire à cet homme. Les choses s'éclaircissaient peu à peu dans son esprit, et elle avait l'impression d'avoir été toute sa courte vie roulée dans la farine. Maintenant, elle ne se laisserait plus faire, quite à se fairecreuver par son paternel. Elle n'avait décidément plus rien à perdre, et ne faisait aucune différence entre mourir et ne plus naître.

-Si ça ne te va pas, je saurais bien trouver un autre arrangement. Je resterai ici tant que nécessaire.

Prenant une pomme dans la corne d'abondance donnée en cadeau du peuple, la jeune Clio mordit dedans avec délice, laissant le jus couler le long de son menton qu'elle essuya vivement avec son frêle poignet, tout en regardant d'un airrêveur droit devant elle, à l'endroit même où elle avait cru voir son fouet couler.

-J'aurais de quoi bouffer... Tu as de la paille ?

Une chose était sûre... Jamais plus la fille de vénus ne retournerait chez Einaff, sauf si ce dernier lui donnait les preuves que l'enlèvement qu'il avait fait de sa mère était en partie pour le bien de sa petite-fille qu'il était censé chérir plus que tout.

Leshger tressaillit de fureur à chacune des paroles de sa fille. Il la trouvait crue, infâme et sans cervelle et ne pouvait souffrir son manque de manières. Il dut faire un effort monumental pour ne pas arracher à cette petite sotte son fouet avant de l'expédier dans un endroit où plus jamais elle n'oserait tenir ce genre de discours à un dieu méritant le respect et la déférence. Certes elle était sa progéniture, mais justement il devait avoir une certaine autorité sur elle et cela, elle le semblait nier.

- Ma chère, tu oublies une chose, fit-il d'un ton doucereux. Si je suis stupide, étant donné que ta... mère l'est aussi à mes yeux, tu l'es de même. Or je ne pense guère que tu apprécies cette comparaison de ton cerveau à celui d'un pois chiche de bas étage.

Cette gamine l'énervait fortement. Jamais il n'avait eu envie de gifler quelqu'un depuis que Vénus l'avait pour la première fois insulté, d'ailleurs il ne s'était pas gêné sur elle, elle l'avait fait la première. Serrant les dents, il tenta cependant de contenir sa rage. Il se savait dévasteur et ne souhaitait malgré tout pas la mort de Clio. Dans un certain sens, il comprenait son dilemme.
Elle avait dû passer une vie solitaire, en attente d'une affection quelconque qu'elle trouva chez son grand-père qui ne fit que se méfier d'elle comme du reste du monde durant toute leur relation. Il ne cherchait qu'à la détruire de peur qu'elle ne veuille le trône. Einaff était le plus à haïr de tous, Leshger ne pouvait le nier. Et il n'aimait guère ce dictateur sans parole et sans honneur.
Après mûre réflexion, il se dit que peut-être, simplement dans le but de jouer un mauvais tour au Mage, il sortirait Vénus de ses griffes. Ou, mille fois plus drôle, irait-il la narguer une dernière fois avant sa mort. De toute manière, il devait se rendre à Anseln. Il sursauta quand elle lui demanda s'il possédait de la paille, comprenant qu'elle souhaitait dormir à même le sol ou sur un lit.... une paillasse plutôt.

- Clio, toute hypothétique que soit ta naissance, je refuse que ma fille dormît à même la paille. Tu n'es ni souillon ni gueuse, accepte ton rang. Ta... mère est future reine, quant à moi je suis dieu.

Il la considéra alors et sur son image intervint celle d'une autre. Leshger se retourna brutalement pour fuir cette vision désastreuse, et décida de partir sans plus tarder pour Anseln.

- Je m'en vais. En attendant, tu peux t'établir dans mon palais de Karaah. Montre ceci aux gardes, ils te laisseront passer.

Il ôta une chevalière noire de son doigt et la lança à Clio. Il eut un sourire fugace. Dans un élan qu'il ne comprit guère lui-même, il s'approcha d'elle et lui prit les mains. Les yeux dans ceux de sa fille, il murmura :

- Et je te conjure d'accepter. Si tu refuses ma proposition, ne vois plus aucune chance à ce que je t'aide...

Il disparut alors, sans un bruit...

La jeune fille attrappa la bague du Dieu au vol avant de faire un sourire triomphal. C'était une chevalière de toute beauté qui devait valoir une belle fortune. Au fond, il devait bien l'aimer, Vénus, pour accepter ainsi de la sauver, confier une bague de cette importance à sa fille et lui offrir l'hospitalité en son palais par la même occasion. Elle se promit d'y rester calme... Dans la mesure de ses possibiltés... En attendant le retour de Leshger.

-Je commence à te piger, toi mon papa. J'irais donc m'installer au chateau si c'est... Le supplice en échange de tes services !

Le ton de Clio était sarcastique. Evidemment, elle trépignait de joie de ne pas avoir à s'installer dans la paille humide comme Einaff lui avait donné habitude lors de son enfance. Du fil à retordre,elle lui en avait donné, mais en échange les punitions étaient parfois bien terribles. Clio ferma les yeux. Elle ne voulait plus s'en souvenir.
Le crépuscule tombait déjà. En haut des grandes marches donnant sur l'entrée du palais, la fille de Vénus alluma une cigarette. Le Dieu n'avait rien à lui dire. Elle n'était pas chez lui.
Celà faisait bien maintenant quatre heures qu'elle avait quitté le futur, et sa quête prendrait bientôt fin. Cependant, la jeune fille n'avait aucune envie de retourner dans son époque. Qu'allait-elle pouvoir y faire ? Elle n'avait aucun contact avec personne mis à part son grand-père qui avait commencé à dévoiler sa vraie nature qu'elle n'appréciait guère.
Le mégot s'envola. Il était fini. Du haut de smarches blanches, la fille de Leshger regarda le palais. Il n'était pas loin, mais fort grand. Il n'y avait pas de doute. Si son père était le mégalomane décrit par Einaff, c'était bien sa demeure.
Remettant son fouet sur son épaule, Clio avança ses cuissardes de cuir en direction de la demeure où elle aurait dû grandir.